Le « McKinsey Gate » est sur toutes les lèvres. L’affaire, relayée par Mediapart, fait la une de la presse nationale : le président français aurait employé le cabinet américain McKinsey au temps où il était ministre, gratuitement et sans contrat. Le timing de l’affaire ne pouvait pas tomber plus mal pour Emmanuel Macron, McKinsey étant actuellement sous le feu des projecteurs suite à un rapport du Sénat qui critique le recours excessif et injustifié aux services du cabinet. Petit case study parfait d’une affaire classique d’e réputation d’homme politique :
McKinsey travaille « pro bono » pour Emmanuel Macron
Jeudi 31 mars, Mediapart révèle que McKinsey aurait travaillé « pro bono » pour Emmanuel Macron, au temps où il était ministre de l’Economie, avant son élection en 2017. Les adversaires du candidat Macron ne pouvait rêver un meilleur timing pour l’éclatement de l’affaire qu’on appelle désormais « Macron Gate », le cabinet de consulting américain étant actuellement sous les feux de la rampe suite à un rapport du Sénat qui dénonce les coûts et « l’influence croissante de ces cabinets sur les politiques publiques ». Toujours selon Mediapart, le cabinet McKinsey aurait parié sur l’accession de Macron à la présidence, avant même qu’il ne déclare sa candidature, en le faisant profiter de nombreuses prestations à titre gratuit et sans contrat liant les deux parties (entre 2014 et 2016). Vous l’aurez compris, McKinsey est soupçonné d’avoir rendu ces « services » gratuits pour obtenir des avantages futurs, après l’élection d’Emmanuel Macron. De quoi influencer l’opinion publique en pleine campagne présidentielle 2022…
Les prestations gratuites posent problème
Comme le rappelle si bien la commission d’enquête du Sénat : « Quand c’est gratuit, c’est vous le produit ». En substance, le Sénat milite pour l’interdiction des prestations « pro bono », soulignant le fait qu’il s’agit ni plus ni moins d’un pied dans la porte, qui bénéficie sans doute au cabinet en l’amenant à réaliser des prestations ultérieures. La situation pose donc problème, d’autant plus qu’en absence de contrat, il est évidemment impossible de négocier les conditions imposées d’habitude par l’Etat à ses prestataires, sans parler du manque d’obligation déontologique qui s’en suit. De plus, le travail réalisé par le cabinet pourrait tout à fait être récupéré au profit de McKinsey.
Macron se défend
Interpellé par la presse, Emmanuel Macron tente tant bien que mal de se défendre. Au centre de la polémique, le président français lance que le fait de recourir à des fonctionnaires dans le cadre de missions ponctuelles est une mauvaise utilisation des deniers publics. Le rapport du Sénat pointe particulièrement du doigt le coût exorbitant des prestations quémandées par les différents ministères, passé de près de 380 millions d’euros en 2018 à plus de 890 millions d’euros en 2021. En déplacement à Fouras en Charente-Maritime, Emmanuel Macron déclare que « cette polémique est liée à des gens qui ont fait des contrevérités ». Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, le président de la République a tenté de justifier le recours croissant à McKinsey, et à d’autres cabinets, en évoquant un manque de ressources humaines qualifiées dans l’Etat : « Quand vous devez faire des prestations informatiques, vous adapter à la cyber-sécurité, ce n’est pas des compétences que vous avez dans l’Etat ». Assez pour éteindre le feu de la polémique ? Rien n’est moins sûr…